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Prise en charge de la maladie du foie liée à l’alcool (2021)

POINTS CLÉS EN BIOLOGIE MEDICALE

Les marqueurs biologiques n’ont pas d’utilité dans le repérage systématique du mésusage d’alcool.

Du fait des difficultés exprimées par les médecins autour de l’interrogatoire du patient et pour surmonter le problème du déni, de nombreuses études se sont attachées à rechercher des marqueurs biologiques fiables de la consommation d’alcool. Outre l’alcoolémie, les tests biologiques usuels les plus utilisés en 2020 sont la gamma-glutamyl transpeptidase (G-GT), le volume globulaire moyen (VGM) et la transferrine désialylée (CDT).

Les études réalisées jusqu’ici ont constamment montré qu’ils étaient moins efficaces que les questionnaires comme l’AUDIT en repérage (3, 26-28). Ces marqueurs biologiques sont peu sensibles, et de nombreux patients ayant un mésusage d’alcool ont une biologie normale.

La G-GT est très peu spécifique, son taux est augmenté dans la plupart des maladies du foie, mais l’interprétation en présence d’une obésité ou d’un syndrome métabolique est malaisée.
Le VGM est plus spécifique, même s’il existe des faux positifs, mais il est encore moins sensible. Cependant, du fait de sa très forte spécificité, la CDT peut être utile pour rattacher à l’alcool certaines pathologies en cas de déni du patient, comme par exemple pour le diagnostic étiologique d’une pancréatite aiguë (29) ou d’une maladie du foie (30).

Deux revues de la littérature concernent les métabolites directs de l’alcool (éthylglucuronide urinaire et dans les cheveux -uEtG et hEtG- et phosphatidyléthanol PEth). Les deux concluent à des données insuffisantes pour statuer sur l’intérêt en dépistage systématique en population générale (31, 32). Les techniques de dosage actuelles ne semblent pas adaptées à une utilisation à grande échelle. Les métabolites directs de l’alcool ont été évalués chez les patients transplantés du foie et/ou candidats à une transplantation. L’uEtG serait un marqueur fiable pour détecter un usage d’alcool récent avant ou après une transplantation du foie (33), avec une valeur diagnostique supérieure à celle de la CDT et de l’AUDIT-C (34), et l’hEtG représenterait un marqueur prometteur pour évaluer le maintien de l’abstinence d’alcool (35).

Deux récentes revues de la littérature recommandent la combinaison de différents marqueurs (CDT, GGT et PEth : (36); uEtG, PEth, GGT ; (37)) pour détecter un usage d’alcool avant une transplantation du foie. Les données restent cependant sujettes à caution, principalement du fait que la spécificité de ces marqueurs est considérée comme excellente a priori, c’est à dire que les patients qui nient toute prise d’alcool sont quand même considérés comme ayant consommé si le marqueur est positif. La sensibilité, en prenant comme référence la consommation déclarée des patients, est quant à elle supérieure à celle des marqueurs classiques

POINT IMPORTANT : Le jury et les experts souhaitent rappeler ici que l’utilité clinique de ces marqueurs au cas par cas n’est pas remise en question car ils peuvent permettre d’orienter le patient vers un spécialiste (hépatogastroentérologue, alcoologue, etc.). C’est leur dosage systématique pour repérer la consommation d’alcool qui n’est pas recommandé, non pas leur intérêt pour évaluer le retentissement de la consommation d’alcool, notamment sur le foie. Ils ne doivent pas se substituer à l’entretien médical.

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