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Risques musculaires des statines (Mise au point) (2002)

POINTS CLÉS EN BIOLOGIE MEDICALE

Quels sont les effets musculaires ?

Toutes les statines sont susceptibles d’entraîner des troubles musculaires :

– un certain nombre de patients présentent des symptômes mineurs à type de douleur ou sensibilité musculaire inexpliquée, fatigue musculaire, crampes, associés ou non à une augmentation modérée des CPK (< 5 fois la norme N) ;

 très rarement (de l’ordre de 1 cas sur 105 patient-années), une rhabdomyolyse survient, associée ou non à une insuffisance rénale, pouvant dans certains cas être fatale. Elle apparaît en quelques jours, généralement en début de traitement, de façon imprévisible : myalgies intolérables, faiblesse musculaire importante, destruction musculaire massive associées à une élévation majeure des CPK (en général > 30 ou 40 N) conduisant à une myoglobinurie. Le pronostic est conditionné par la gravité de l’insuffisance rénale associée.

l’hypothyroïdie majore le risque musculaire :

Penser à rechercher une hypothyroïdie, au besoin faire un dosage de TSH.

le dosage des CPK (créatine phosphokinase) nécessite :
– d’être pratiqué plus de 2 jours après un effort musculaire intense,
– d’être systématiquement recontrôlé dans les 5 à 7 jours, en cas d’augmentation notable.

En effet, les CPK marqueurs biologiques de la lyse musculaire, sont peu spécifiques en raison de leur grande sensibilité à l’activité physique et d’une variabilité individuelle marquée.
Un dosage des CPK devra être effectué avant traitement dans les situations à risque.
Il n’existe pas de justification scientifique à pratiquer un dosage initial systématique des CPK dans la population générale.
Ce dosage des CPK doit être réservé aux situations suivantes :
– insuffisance rénale,
– hypothyroïdie,
– antécédents personnels ou familiaux de maladie musculaire génétique,
– antécédents personnels d’effet indésirable musculaire avec un fibrate ou une statine,
– abus d’alcool.
– âge supérieur à 70 ans, d’autant plus qu’il existe d’autres facteurs de risque musculaire.

L’intérêt sera dans ce cas de disposer d’un dosage de référence en cas d’élévation ultérieure sous traitement. De plus, si le taux de CPK est supérieur à 5N, l’instauration du traitement sera différée.

De même dans ces situations, il est nécessaire de bien évaluer l’intérêt du traitement et de surveiller le patient au plan clinique.
Tout symptôme musculaire inexpliqué apparaissant sous traitement doit faire pratiquer un dosage des CPK.

A l’inverse, la surveillance systématique des CPK n’a aucun intérêt actuellement démontré en l’absence de signes cliniques.
Il faut savoir qu’une élévation importante des CPK s’accompagne d’une petite élévation des transaminases d’origine musculaire.
– Si les CPK sont augmentées au-delà de 5 N, le traitement doit être interrompu.
– Si les signes musculaires sont importants avec une gêne fonctionnelle quotidienne, un arrêt du traitement doit être envisagé, même si les CPK sont inférieures à 5 N.
– Si les signes musculaires sont mineurs et les CPK inférieures à 5 N, le traitement peut être continué.
– A distance de l’arrêt et si l’évolution le permet, on peut réintroduire une autre statine (de préférence), sous surveillance, et en augmentant progressivement les doses.
 Si une maladie musculaire génétique est suspectée, le traitement doit être interrompu.

En principe, les signes musculaires disparaissent totalement après l’arrêt définitif d’un traitement par statine.
Les signes cliniques et biologiques régressent dans la quasi-totalité des cas, mais peuvent parfois persister plusieurs mois après l’arrêt de la statine. Selon les données disponibles, il ne persiste notamment aucune faiblesse musculaire à distance. La persistance de troubles musculaires doit inciter à consulter un spécialiste pour rechercher une autre cause et notamment une pathologie musculaire sous-jacente.

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